Visite de l'exposition "Le Douanier Rousseau. L'innocence archaïque." au Musée d'Orsay
J'ai testé pour vous... l'exposition du Douanier Rousseau au musée d'Orsay
Pour cette nouvelle semaine, j'ai décidé en ce jeudi 24 mars de prendre mes bons outils de community manager (c'est-à-dire un carnet et un criterium) et d'aller écrire un nouveau billet au Musée d'Orsay. En effet, lorsque j'ai su qu'une rétrospective allait être dédiée au Douanier Rousseau, maître de l'art naïf, je n'ai pu contenir mon impatience et j'ai décidé d'y aller seulement deux jours après l'inauguration de l'exposition.
Personnellement, j'ai
toujours été fascinée par l'ambiance exotique incroyable qu'il se
dégageait de ses tableaux, même lorsqu'il peignait des paysages
franciliens. Ses déclinaisons verdâtres, qui passent du vert mousse
au pin voire sapin, inscrivent ses tableaux dans un univers tropical
et dépaysant.
Mais ce qu'il me touche
plus particulièrement, c'est l'histoire de cet homme qui n'a commencé
à peindre qu'à l'âge de quarante ans. Il fut notamment beaucoup
moqué pour son style à l'aspect enfantin, alors qu'une très grande
technique se cache derrière ses paysages et portraits à la
perspective irrégulière.
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Moi-même - Le Douanier Rousseau - 1890 |
L'exposition au Quai
Branly se décline en plusieurs thématiques par lesquelles le
peintre est passé pendant sa carrière. Elle s'ouvre sur un
prologue chronologique revenant sur les grandes lignes de la vie de
l'artiste, de sa naissance à Laval en passant par les différents salons des
indépendants dans lesquels il a exposé jusqu'à son décès en
1910.
Comme énoncé plus haut,
plusieurs thématiques viennent ponctuées l'exposition mais je
souhaite prendre le parti de ne vous parler que de celles qui m'ont
réellement marquées pour leur style, leur histoire et leur
sensibilité.
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Monsieur X - Le Douanier Rousseau - 1906 |
La première partie de
l'exposition est dédiée aux portraits réalisés par le peintre. Dans un premier
temps, nous trouvons ce que le Douanier Rousseau appelait le
« Portrait-Paysage », forme picturale pour
laquelle il se disait être le précurseur pour l'époque. Lorsque
j'ai commencé à lire l'écriteau exposant l'idée de Rousseau, je
me suis de suite souvenue de mes cours d'histoire de l'art ; à
la Renaissance Italienne et Flammande, les artistes commençaient à
peindre des commandes où les sujets étaient placés devant un
paysage. J'ai trouvé cela surprenant que Rousseau se dise précurseur
de ce style pictural, mais j'ai rapidement compris par les œuvres
annexes exposées que ce n'était pour lui qu'un moyen de rendre hommage à ces
grands artistes du XIVème. Nous trouvons en effet le « Portrait
d'homme au bonnet rouge » de Vittore Carpaccio qui inspira
le célèbre « Monsieur X » (1906) du Douanier,
qui fut également repris par Fernand Léger en 1920 sous le titre
« Le mécanicien ».
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Le Mécanicien - Fernand Léger - 1920 |
Par la suite, une autre
salle d'exposition dédiée au portrait traite de ces scènes de vie,
presque photographiques que le Douanier peignait. On y apprendre que
l'artiste utilisait un pantographe, outil de dessin utilisé pour
conserver les proportions, ainsi que des photographies afin de
distinguer chaque personnage d'une peinture. Différents tableaux de
la pièce viennent illustrer cette technique dont « La
Noce » (1905) ou encore « La carriole du père
Junier » (1908). Ce goût unique pour les proportions fait
que le Douanier Rousseau malmène la perspective en alignant tous les
personnages de face, créant une atmosphère à la fois rigide mais
intense.
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La Noce - Le Douanier Rousseau - 1905 |
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La carriole du père Junier - Le Douanier Rousseau - 1908 |
Cette notion de
perspective revient d'ailleurs tout au long de l'exposition avec des
comparaisons récurantes au peintre du Quattrocento Paolo Uccello.
Tout au long de sa vie, cet artiste de la Renaissance a participé
activement aux règles de la perspective dans la peinture, lui
attribuant le nom d' « Uccello » signifiant « oiseau »
pour son caractère obstiné. En raison de la simplicité de la
narration et de la naïveté de sa composition, les œuvres de
Rousseau ont souvent été comparées à celles de ce grand maître de la Renaissance.
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Saint-George terrassant le dragon - Paolo Uccello - 1470 |
Enfin, une des dernières
pièces traitant de la thématique du portrait aborde les portraits
d'enfants. Je dois vous avouer que je souhaite parler de cette pièce
pour le malaise qu'il s'est dégage ; comme énoncé plus haut,
le Douanier traitait la perspective d'une manière assez rigide et
non-conventionnelle. Les enfants peints par Rousseau fixent le
spectateur dans les yeux, avec un regard qui n'est pas celui d'un
bambin mais d'un adulte, me rappelant les Vierges à l'enfant
de la Pré-Renaissance, où le petit Jésus ressemblait à un adulte
en version miniature.
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L'enfant à la poupée - Le Douanier Rousseau - 1892 |
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Niccolo Di Sienne - Vierge et Enfant - Début XIVème |
Passons maintenant à une
autre partie de l'exposition que j'ai particulièrement apprécié :
Le Douanier Rousseau dans son siècle. En effet, Rousseau était un
grand amoureux de Paris et passait bien des heures à flâner dans la capitale pour trouver l'inspiration. Vivant à la fin du XIXème
siècle à Paris, l'artiste a vu bien des innovations arrivées dans
sa ville. Bien que ses paysages étaient figés par sa perspective
reconnaissable, les nouvelles avancées techniques de son siècle
viennent agrémenter ses peintures. Aéroplanes, montgolfières ou
encore paquebots se détachent de ses lieux qu'il a su peindre, tel
qu'avec « Les pécheurs » (1908).
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Les pécheurs - Le Douanier Rousseau - 1908 |
La dernière partie de
l'exposition traite des dernières années du peintre. On y trouve un
premier clin d'oeil à tous ces artistes du début du XXème siècle qui ont été inspirés par le Douanier, notamment le mouvement du Blaue Reiter (le
Cavalier Bleu) que j'apprécie tout particulièrement. En effet, ce
courant mené par Franz Marc, Paul Klee ou encore Kandinsky, avait
pour ambition de revenir aux origines même de l'art et de la vie.
Leurs aplats de couleurs et leur goût pour la nature font que le
Douanier Rousseau fut une véritable inspiration pour eux. Kandinsky
signe dans leur almanach un essai intitulé « Über die
formfrage » qu'il illustre avec sept œuvres de Rousseau.
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Petits chevaux jaunes - Franz Marc - 1912 |
Et la dernière partie de
l'exposition, la plus attendue, est bien-sûr celle des jungles. J'y
ai appris que le Douanier Rousseau fut également d'une grande
inspiration pour le mouvement que j'affectionne depuis bien des
années, le Surréalisme. Dans cette nouvelle pièce, on retrouve le
tableau « La Charmeuse de Serpent » (1907),
envoutant par ses noirs profonds et sa jungle luxuriante mais
également « La Rencontre du 2Bis, rue Perrel » (1946) de
Victor Brauner. Mais quel est le lien entre ses deux tableaux ?
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La charmeuse de serpent - Le Douanier Rousseau - 1907 |
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La Rencontre du 2Bis, rue Perrel - Brauner - 1946 |
On apprend qu'au 2Bis de la rue Perrel était situé l'atelier de Rousseau où Brauner a emménagé quelques années après la mort de l'artiste. Breton aurait dit que c'est un « hasard objectif » recherché par les Surréalistes.
Entre toutes les toiles
monumentales de jungle, on retrouve ici et là quelques clins d'oeil
et anecdotes sur le peintre et ses origines. Un tableau de Delacroix
m'a interpelé. Malgré sa petit taille, « Tigre et Lion »
peint en 1850 dégage une puissance animal que je n'ai que rarement
vu. On retrouve dans les yeux de ces animaux la même vivacité que
dans ceux du Douanier Rousseau, montrant incontestablement son
admiration pour Delacroix.
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Le rêve - Le Douanier Rousseau - 1910 |
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Tigre et Lion - Delacroix - 1950 |
Pour conclure sur cette
exposition, j'ai été agréablement surprise et satisfaite par son
contenu et sa présentation. Les œuvres du Douanier Rousseau
communiquent avec celles des autres artistes faisant référence à
sa carrière, à son style ou encore à ses passions. Que ce soit pour les amoureux de Paris, pour les voyageurs inconditionnels ou simplement pour les passionnés d'art, l'exposition du Douanier Rousseau au Musée d'Orsay est le rendez-vous incontournable de ce début de printemps !
Visite de l'exposition "Le Douanier Rousseau. L'innocence archaïque." au Musée d'Orsay
Reviewed by Anonyme
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